Paul Mironneau et Claude Menges-Mironneau
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Henri IV signant la ratification de son abjuration (Henri signant la paix avec l’Église)…
Attribué à (ou atelier de) Jacopo Chimenti, dit Da Empoli

Illustrations de comparaison
FIG. 27 a. Alovisio Rosaccio, d’après Jacopo da Empoli. Henri IV signant la paix avec l’Église. Eau-forte. Giraldi 1610, no 26. Pau, musée national du Château
FIG. 27 b. Jacopo da Empoli. Henri IV signant la paix avec l’Église. Huile sur toile. Florence, Galerie des Offices, Depositi, inv. 1890, no 7811
FIG. 27 c. Jacopo da Empoli. Henri IV signant la paix avec l’Église, 1610. Dessin préparatoire. Florence, Galerie des Offices, Gabinetto Disegni e Stampe, inv. 959 F
FIG. 27 d. Attribué à Jacopo da Empoli. Henri IV signant la paix avec l’Église, 1610. Dessin préparatoire. Londres, British Museum, inv. 1886-10-12-540
Inscriptions

Cachets de collection en bas à gauche : monogrammes PC (Philippe de Chennevières, 1820-1899) et GV (Giuseppe Vallardi, 1784-1863) 
Au verso, marque de collection A. S.
Annotation d’attribution, en bas à droite : Passignani Dco et numéro B 368.
Ancien numéro à l’angle inférieur droit : FL 03 […].

Historique

Collection Vallardi, vente chevalier A. D., de Turin, 10 décembre 1860, 4e et 5e vacations, no 169 : « Passignani (Dominique), école toscane, Composition historique ».
Collection Marquis de Chennevières, vente Chennevières, Paris, 4-7 avril 1900, no 165.
Vente Paris, Drouot, 4-5 mars 1901, no 50.
Collection Professeur Susini, vente publique, Paris, Nouveau Drouot, 4 juin 1982, C. P. Libert-Castor, no 42.
Don de la Société des amis du château de Pau (arrêté du 23 novembre 1982).

Bibliographie

Eve Borsook, « Arts and Politics at the Medici court, iv : Funeral decor for Henry IV of France », Mitteilungen des Kunsthistorischen Institutes in Florenz, juin 1969 – décembre 1970, p. 222.
Jacques Perot, « La ratification de l’abjuration d’Henri IV par Jacopo da Empoli », Bulletin de la Société des amis du château de Pau, no 91, 1983.
Musée national du château de Pau. Quinze années d’acquisitions 1970-1984, cat. exp. (Pau, musée national du Château, 1985), Paris, Réunion des musées nationaux, 1985, no 21, p. 59-61.
Nicholas Turner, Florentine drawings of the sixteenth century, Trustees of the British Museum, Londres, British Museum Publication, 1986, no 199, p. 253-254.
Alessandro Marabottini, Jacopo Chimenti da Empoli, Rome, De Luca, 1988, p. 287.
Sara Mamone, Florence et Paris, deux capitales du spectacle pour une reine, Marie de Médicis, Paris, Le Seuil, 1990, p. 212-213, 218 et note 70.
Paul Mironneau, Musée national du château de Pau. Guide, Paris, Réunion des musées nationaux, 1996, p. 82, 84.
Francesca De Luca, « Jacopo da Empoli e gli apparati celebrativi medicei », in Jacopo da Empoli 1551-1640 Pittore d’eleganza e devozione, cat. exp. (Empoli, église Santo Stefano, 21 mars – 20 juin 2004), Cinisello Balsamo, Silvana, 2004, p. 221.
Monica Bietti, « Pittori accademici fiorentini fra Corte e territorio. Aggiunte ai cicli in onore di Filippo di Spagna e Margherita d’Austria », in Miles L. Chappell, Mario Di Giampaolo, Serena Padovani, Arte, collezionismo, conservazione. Scritti in onore di marco Chiarini, Florence, Giunti, 2004, no IV-3, p. 343.
Prat & Lhinares 2007, p. 122 et no 480, p 347-348, .

Exposition

Pau 1985, no 21.
Pau & Paris 1989-1990, no 505.
Pau 1990, no 20.
Pau 2007, no 30.

Observations

C’est le cardinal de Florence, Alexandre de Médicis (1536-1605), futur pape Léon XI en 1605, alors légat pontifical, qui reçoit cet acte diplomatique et religieux de haute importance. Illustration de la vie et du règne du premier des Bourbons, certes, mais aussi, à n’en pas douter, démonstration du pouvoir d’influence des maîtres de Florence et de leur maison, de leur dévouement à la cause de l’Église : on devine dans cette œuvre une forte charge politique, servie par la qualité d’une mise en page tout à la fois décorative et narrative. Revenons d’abord aux faits. L’abjuration d’Henri IV, le 25 juillet 1593 à Saint-Denis, n’avait reçu sa consécration pontificale, l’absolution par Clément VIII, que le 17 septembre 1595 ; ce furent les habiles D’Ossat et Du Perron qui représentèrent le roi à cette cérémonie solennelle. À la faveur des excellentes relations qui s’étaient instaurées entre le légat pontifical et la cour de France, Henri IV procéda le 19 septembre 1596 à la ratification de son absolution, aux Tuileries, en présence du futur chancelier Pomponne de Bellièvre, qui, depuis 1595, était influent au Conseil des affaires.
L’assurance, la sincérité affirmée par le roi, auront profondément impressionné le légat francophile, qui précise : « un proverbe français veut que la main du parjure tremble lorsqu’il écrit. Sa Majesté ne s’étant point parjurée, c’est pour cela que sa main n’avait pas tremblé et qu’elle n’avait pas eu besoin de table » (Ritter 1955, p. 76-77, lettre du 21 septembre 1596). De source bien informée, le dessinateur a scrupuleusement relevé ce trait, soulignant la valeur accordée à de tels signes dans les affaires de conscience. Et donnant ainsi à la scène une marque d’indubitable véracité, que confirme le réalisme des portraits, celui du cardinal en particulier.
La filiation de cette œuvre italienne s’impose au regard. Liée à l’ensemble commémoratif de vingt-six peintures en grisaille accrochées en la basilique San Lorenzo à Florence, pour le service ordonné par Côme II de Médicis en l’honneur du Roi Très Chrétien, le 16 septembre 1610, la scène se trouve transcrite dans le livret de Giuliano Giraldi auquel donna lieu cette pompe funèbre11. Giraldi 1610, gravure no 16, p. 36. (fig. 27 a). La peinture exposée dans ces circonstances est du nombre de celles qui subsistent encore et qui se trouvent rassemblées aux Offices22. Florence, Galerie des Offices, Depositi, inv. 1890, no 7811. (fig. 27 b). Son auteur, Jacopo da Empoli, était alors rompu à ce type de représentations officielles, auxquelles il participa régulièrement depuis sa contribution aux apparati dressés pour les noces de Ferdinand Ier et de Christine de Lorraine en 1589.
Il existe plusieurs dessins liés à cette grisaille, l’une des plus connues du cycle. Deux états préparatoires sont conservés respectivement au musée des Offices33. Gabinetto Disegni e Stampe, inv. 959 F. Plume, encre et lavis de bistre, mise au carreau sur papier bistre, 26,3 x 33,5 cm. (fig. 27 c) et au British Museum44. Inv. 1886-10-12-540, encre et lavis de bistre, quadrillage à la craie rouge à gauche, 20,8 x 27,7 cm. Anthony Blunt, « A series of paintings illustrating the history of the Medici family executed for Marie de Médicis – II », Burlington Magazine, CIX, 774-775, octobre-novembre 1967, p. 562-566, note 15. (fig. 27 d), le premier directement en rapport avec la peinture de Florence, le second lié peut-être, selon Anthony Blunt, à un autre cycle destiné au palais du Luxembourg, projet qui n’aurait jamais vu le jour. L’un et l’autre sont pourvus de la mise au carreau absente dans la version de Pau. Le cabinet des Dessins et Estampes du musée des Offices conserve par ailleurs une autre version55. Gabinetto Disegni e Stampe, 2351 Santarelli. qui serait une réplique. Quant au présent dessin, Monica Bietti le considère comme une copie là où Jacques Perot admettait que, « s’il n’est peut-être pas de la main de Jacopo da Empoli, il sort très vraisemblablement de son atelier ». Copie d’atelier fort probable au vu des éléments relevés : relative « faiblesse » de facture, mais plus grand état d’achèvement (les ombres, les visages). Autant de caractères permettant de supposer une reprise a posteriori, bien justifiée par la place centrale du sujet dans la véritable biographie collective et raisonnée à laquelle il appartient.

1. Giraldi 1610, gravure no 16, p. 36.
2. Florence, Galerie des Offices, Depositi, inv. 1890, no 7811.
3. Gabinetto Disegni e Stampe, inv. 959 F. Plume, encre et lavis de bistre, mise au carreau sur papier bistre, 26,3 x 33,5 cm.
4. Inv. 1886-10-12-540, encre et lavis de bistre, quadrillage à la craie rouge à gauche, 20,8 x 27,7 cm. Anthony Blunt, « A series of paintings illustrating the history of the Medici family executed for Marie de Médicis – II », Burlington Magazine, CIX, 774-775, octobre-novembre 1967, p. 562-566, note 15.
5. Gabinetto Disegni e Stampe, 2351 Santarelli.
Copyrights

Étapes de publication :
P. Mironneau, Cl. Menges, 11 décembre 2007, rédaction de la notice pour première publication.

Pour citer cet article :
P. Mironneau, Cl. Menges, « Henri IV signant la ratification de son abjuration (Henri signant la paix avec l’Église) » dans Catalogue des dessins musée national du château de Pau, mis en ligne le 11 décembre 2007. https://dessinsdepau.fr/notice/notice.php?id=27
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais et musée national et domaine du château de Pau, 2024

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