Le cycle funéraire d’Henri IV à Florence en 1610
En 1610 paraissait à Florence un livret illustré de Giuliano Giraldi intitulé Esequie d’Arrigo quarto Cristianissimo Re di Francia e di Navarra Celebrate in Firenze dal Serenissimo Don Cosimo II Granduca di Toscana (Florence, Bartolomeo Sermartelli, 1610) [Giraldi 1610]. La mort d’Henri IV avait en effet donné lieu à l’une de ces imposantes cérémonies funèbres dont les Médicis s’étaient fait une spécialité, cérémonie dont l’ouvrage de Giraldi perpétuait le souvenir. Les eaux-fortes signées par Alovisio Rosaccio (un graveur et marchand d’estampes florentin élève de Tempesta) reprennaient en les simplifiant, mais de façon parfaitement reconnaissable, les sujets peints pour le service solennel donné le 16 septembre 1610 en la cathédrale San Lorenzo de Florence.
Pour l’exécution du programme conçu par l’architecte de cour et graveur Giulio Parigi (1571-1635), qui avait déjà supervisé les noces de son prince en 1608, on fit appel au talent éprouvé de vingt-six artistes toscans gravitant dans l’orbite des Médicis : Giovanni Bilivert, Remigio Cantagallina, Francesco Curradi, Giovanni Nigetti, Matteo Rosselli, Jacopo da Empoli, Bernardino Poccetti, Pompeo Caccini, Filippo Tarchiani, Nicodemo Ferrucci, etc. Mais il fallu attendre une époque toute récente pour que l’on tente d’établir des correspondances entre œuvres et auteurs, et, à ce jour, les conclusions de ce travail ne sont pas définitivement arrêtées.
La formule choisie s’appuie sur la tradition désormais solidement établie depuis plusieurs décennies consistant à solenniser, à la mort de certains des plus grands princes de l’Occident, les alliances des maîtres de Florence au plus haut niveau de la politique européenne. Philippe II d’Espagne en 1598, Marguerite d’Autriche en 1612 auront connu ces honneurs insignes, mais jamais on n’avait poussé aussi loin l’approche biographique des souverains pleurés en la basilique. Pour Henri IV, le contenu des vingt-six peintures principales privilégie une recherche de réalité historique excluant tout recours à la fable ou aux artifices mythologiques.
Suite essentielle, quand ce ne serait que comme signe tangible du rôle joué par les Médicis dans la transmission de la geste henricienne au début du xviie siècle, le cycle funéraire de Florence est discrètement représenté dans les collections françaises. Outre nos deux dessins (cat. 27 et 31), qui lui sont étroitement liés, on note en effet la présence, au musée du Louvre, de la célèbre Entrée d’Henri IV à Nantes par Matteo Rosselli correspondant à la dix-neuvième peinture du cycle (« reddition du duc de Mercœur en Bretagne »), avec au verso une étude de cavalier, ainsi que La Paix de Notre-Dame de Bernardino Poccetti, provenant l’une et l’autre de la collection Baldinucci.