Paul Mironneau et Claude Menges-Mironneau
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Allégorie de la maison de France
Anonyme

Illustration de comparaison
FIG. 32 a. Léonard Gaultier (vers 1561 – vers 1635-1640), d’après Nicolas Bollery (mort en 1630). Sacre et couronnement de Marie de Médicis, 1610. Burin. Paris, Jean Leclerc. Pau, musée national du Château, inv. P. 65.10.10
Inscriptions

Annotations, à gauche, à l’encre brune : liste des rois de France ; dessin effacé au graphite.
Au verso, en bas, à l’encre brune : généalogie des derniers Capétiens et des Valois.
Annotation illisible en haut à gauche, à l’encre brune.
Annotation en bas, au milieu, au crayon : 1757.

Historique

Acquis sur le marché de l’art parisien (comité du 5 novembre 1964, conseil artistique du 19 décembre 1964).

Bibliographie

Cat. exp. Pau 2007 Avec Panache, dessins des collections du château de Pau, cat. exp. (Pau, musée national du Château, 23 novembre 2007 – 24 février 2008), Paris, Réunion des musées nationaux, 2007, p. 14-17.

Exposition

Pau 1968-1969, no 603.
Pau 1990, no 19.
Pau 2007, no 32.

Observations

Sous une tente à baldaquin surmontée de l’ange de la renommée, devant un arbre majestueux, Saint Louis préside à ce curieux rassemblement de têtes couronnées, de manteaux fleurdelisés, de courtisans, gouvernantes et dames d’honneur répartis en deux cortèges, masculin pour l’un, féminin pour l’autre, dont la marche est fermée par trois gardes. Henri IV a pris place à gauche, en véritable patriarche, tandis que le saint ancêtre capétien exerce sur ce lignage un magistère spirituel auréolé de la grâce divine. À gauche, un courtisan portant l’ordre du Saint-Esprit tient l’étendard à fleurs de lis ; à droite, c’est une allégorie de l’Église visitée par l’Esprit-Saint qui réunit entre ses mains les symboles romains : la tiare, les clés de saint Pierre, l’étendard. À genoux, sur la droite, autre allégorie portant les insignes du pouvoir, la France, couronnée, couverte de fleurs de lis et flanquée de l’écu à ses armes, s’adresse au jeune Louis XIII agenouillé, dont un page porte la couronne.
Derrière celui-ci, deux jeunes garçons à couronne ducale ne peuvent être que ses frères, les ducs d’Orléans (qu’Henri tient par la main) et d’Anjou. En symétrie, ses sœurs, Élisabeth et Christine ; une gouvernante tient la petite Henriette dans ses bras ; symétrie il y a, car c’est Marie de Médicis qui tient Élisabeth par la main. Autre figure féminine couronnée, toujours reine : Marguerite, première épouse du Vert-Galant, somptueusement vêtue, suit de peu la Florentine, comme dans le cortège du sacre de Marie, le 13 mai 161011. Burin de Léonard Gaultier édité par Jean Leclerc, 1610, Pau & Paris 1989-1990, no 485. (fig. 32 a). Mais qui sont les deux reines abritées sous la tente du saint roi ? Femmes d’âge mûr, elles contrastent par leur vêtement, l’un richement princier, l’autre celui d’une veuve austère qui, par exception, quitte le regroupement des femmes pour se placer du côté où se trouve le Béarnais – et n’a pas droit aux fleurs de lis. Si, dans la première, dont le visage apparaît déjà bien caractérisé dans cette esquisse parfois indécise, il n’est pas injustifié de reconnaître Catherine de Médicis – à la suite de portraits comme celui établi par Antoine Caron pour L’Histoire des rois de France22. Ehrmann 1986, p. 153-154.–, l’identification de la seconde à Jeanne d’Albret n’est qu’une simple et fragile supposition de notre part. Ainsi, cet arrière-plan, ajoutant quelque recul chronologique et dynastique au léger effet de profondeur, complète le panorama historique esquissé dans quelque jardin et palais allégoriques dont on ne voit guère qu’une balustrade. Au-dessus de la balustrade, il y avait un autre dessin et, à droite, une liste des rois de France jusqu’à Louis XIII, qui a été partiellement effacée, comme l’a été, au verso, un essai de généalogie rédigé en italien et mentionnant la succession des fils de Philippe le Bel : Carlo IV, Filippo V [les noms de Louis X et Jean Ier sont effacés], puis leur cousin Filippo VI. Ces éléments stimulent l’intérêt… mais restent largement inutilisables, tout comme l’annotation ancienne portée au verso, totalement illisible.
Si nos suppositions sont justes, on peut même dater assez précisément la composition : entre la naissance d’Henriette en 1609 et la mort du premier duc d’Orléans, Nicolas, en 1611. Ce qui exclurait toute référence aux mariages espagnols (comme cela avait d’abord été suggéré) ; ceux-ci correspondent en effet à une importante réorientation politique rendue effective en 1612, et ne furent célébrés qu’en 1615. Le lit de justice qui, le 15 mai 1610, confirme la régence de Marie devant le parlement de Paris, puis le sacre du jeune souverain, le 17 octobre 1610, donnent lieu à des représentations spécifiques (ainsi celles de Quesnel), mais une vue plus générale peut avoir suivi ces relations en image. Il importe alors de rassurer, de fortifier le sentiment de la continuité dynastique, et l’on s’emploie d’abord à souligner la pérennité de la maison de France, à travers la vitalité, la solidité, les alliances, les perspectives prometteuses de son rameau Bourbon, arrimé à la défense de la foi catholique et enraciné dans la filiation de Saint Louis (Duccini 2003, p. 206).

1. Burin de Léonard Gaultier édité par Jean Leclerc, 1610, Pau & Paris 1989-1990, no 485.
2. Ehrmann 1986, p. 153-154.
Copyrights

Étapes de publication :
P. Mironneau, Cl. Menges, 11 décembre 2007, rédaction de la notice pour première publication.

Pour citer cet article :
P. Mironneau, Cl. Menges, « Allégorie de la maison de France » dans Catalogue des dessins musée national du château de Pau, mis en ligne le 11 décembre 2007. https://dessinsdepau.fr/notice/notice.php?id=32
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais et musée national et domaine du château de Pau, 2024

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