L’Abjuration d’Henri IVAnonyme
L’Abjuration d’Henri IV
Inv. P. 55.31.1.1
Milieu ou 3e quart du xviiie siècle
Plume, encre et lavis bruns, sur traces de graphite, papier vergé ivoire
H. 33,1 ; L. 25,9 cm
Don du vicomte de Noailles, octobre 1955 (arrêté du 3 décembre 1955).
Cat. exp. Pau 2007 Avec Panache, dessins des collections du château de Pau, cat. exp. (Pau, musée national du Château, 23 novembre 2007 – 24 février 2008), Paris, Réunion des musées nationaux, 2007, p. 23-26.
Par une attribution de pure hypothèse formulée dès son exposition en 1966, ce dessin
apparaissait sous le nom de Pier Francesco Mola (1612-1666), qui travaillait à Rome
pour les papes Innocent X et Alexandre VII. Le sujet, en revanche, ne nous semble
pas faire de doute.
Le retour d’Henri IV dans le sein de l’Église catholique ne passa pas inaperçu, et
les représentations auxquelles il donna lieu ne furent pas inconnues. Un tableau,
longtemps attribué à Nicolas Bollery (et dont on suggère plutôt aujourd’hui qu’il
pourrait faire partie de la décoration du grand cabinet aménagé au Louvre par Marie
de Médicis vers 1613-1614)11. Huile sur toile, Meudon, musée d’Art et d’Histoire, inv. RD 57-1-6 ; nouvelles
propositions d’attribution dans Blois 2003, no 26 (notice de Paola Bassani-Pacht)., dans le cadre d’une expression française, offre cependant de nombreuses notations
italianisantes à l’abjuration de Saint-Denis (25 juillet 1593, fig. 57 a). Mais, aussi
présent que soit cet héritage depuis la fin du xvie siècle, l’empreinte stylistique laissée sur notre dessin s’en dégage irréversiblement.
La technique vive, fluide, mais sans beaucoup d’énergie, creusant les reliefs par
le seul jeu d’ombres en lavis doux, suggère un dessin français beaucoup plus tardif
que les fastes de la Rome baroque. Puis, les costumes, déjà entièrement empruntés
à une réécriture pittoresque de l’histoire, semblent plutôt préparer l’éclosion des
formules pré-troubadour… Enfin, l’irruption, dans le ciel, de l’allégorie morale s’accorde
bien à la renaissance de certaines formes de la peinture religieuse dans l’art du
milieu du xviiie siècle.
Une comparaison est dès lors possible avec une autre représentation de l’abjuration
d’Henri IV conservée au château de Pau22. Huile sur toile, 120 x 95 cm, inv. P. 55.20.1., elle aussi très mal connue (fig. 57 b). Dans cette huile sur toile dont l’attribution
à Fragonard avait été rejetée pour être plutôt orientée vers Gabriel François Doyen
(1726-1806), Jacques de Laprade lisait l’expression, entre 1758 et 1770, du « nouvel
essor » de l’art religieux, notamment à travers de grands travaux de décoration33. Note manuscrite et correspondance (1955), archives et documentation du château
de Pau.. Sans nous risquer davantage, soulignons seulement que dessin et tableau présentent
une architecture, une composition similaires : la basilique, tracée hâtivement, observe
les mêmes lignes, motifs et volumes ; la flexion du genou du roi est identique, la
place tenue par les personnages et leurs gestes sont généralement en correspondance,
l’animation du ciel a varié mais est prise en compte dès le dessin. Certes, de notables
différences descriptives (l’archevêque est assis dans un cas, debout dans l’autre)
réservent à de plus substantielles découvertes un rapprochement définitif et l’attribution
à un seul et même auteur.
Artiste cité : Doyen (Gabriel François)
Type de représentation : Scènes historiques, légendaires ou imaginaires
Fait de la vie d’Henri IV : abjuration
Personnages contemporains ou proches d’Henri IV :
Renaud de Beaune, archevêque de Bourges (Tours, 1527 – ?, 1606)
Index géographique et monumental : Autres lieux → Saint-Denis
Étapes de publication :
P. Mironneau, Cl. Menges, 11 décembre 2007, rédaction de la notice pour première publication.
Pour citer cet article :
P. Mironneau, Cl. Menges, « L’Abjuration d’Henri IV » dans Catalogue des dessins musée national du château de Pau, mis en ligne le 11 décembre 2007. https://dessinsdepau.fr/notice/notice.php?id=57
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