Calligraphies

C’est tout un courant du dessin français qui s’épanouit sur la fin de l’Ancien Régime, avec la défense et l’illustration de la calligraphie, courant actif tout particulièrement dans le domaine du portrait de grands personnages et de figures historiques. Les maîtres jurés écrivains s’accordaient d’ailleurs, au xviii^e siècle, le titre d’Académie sans y être autorisés par lettres patentes. Les artistes engagés dans ce singulier combat au contact de l’art et de l’écriture se regroupent et reconstituent en 1778 le Bureau académique d’écriture, tendant toujours à s’inscrire dans le système officiel des arts à son plus haut niveau. Réagissant contre le déclin de leur discipline, ils édictent des règles proscrivant toute ornementation excessive et s’ingéniant à faire naître ou à restaurer un trait pur, fluide et sûr, « du courant de la main ». Leur production ne pouvait qu’attirer les collectionneurs ; c’est ainsi que le musée a fait l’acquisition d’un portrait de ce type provenant de la collection de l’historien d’art Jacques Vanuxem (cat. 34). Le portrait d’Henri IV par Joseph Bernard (cat. 36) appartenait lui-même à la collection de l’amateur et éditeur Antonio Barboza.

Cet art qui fixe la pensée a, comme la peinture, le moelleux, le vif, le toucher dur ou léger, et la composition dans ses traits » : tel se décrit le dessin calligraphique, dans la seconde moitié du xviii^e siècle, sous la plume de l’un de ses défenseurs, au moment où cette discipline s’affirme, se réforme et revendique ses lettres de noblesse. Le mouvement se développe, traverse la Révolution, se révèle encore prospère sous l’Empire et la Restauration. Dans sa facilité de lecture, le dessin calligraphique tend alors à esquisser des séries organisées et bien caractérisées, sous la plume d’artistes moins revendicatifs que dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, mais encore très actifs dans le dessin français.