Paul Mironneau et Claude Menges-Mironneau
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Les ensembles de la collection Auvrest, Henri IV et Frédéric II, paire de dessins calligraphiques

Auvrest, Henri IV et Frédéric II, paire de dessins calligraphiques

P. Mironneau, Cl. Menges-Mironneau

Avec une aisance reconnue, mais sans originalité, Auvrest engage ici un parallèle déjà évoqué par des artistes du xviiie siècle, calligraphes (cat. 34) ou non (cat. 38), entre Frédéric II, le « Salomon du Nord » d’abord salué par Voltaire, et le Béarnais, héros d’épopée choisi par le même Voltaire. Ce double profil équestre forme une paire consacrée par l’usage, même si les deux dessins, de dimensions différentes, n’ont sans doute pas été produits exactement en même temps. L’artiste calligraphe reformule ainsi, au début du xixe siècle, une assimilation historique remontant à l’épanouissement des Lumières, dans le registre du despotisme éclairé. Mais d’autres paires de calligraphies du même auteur seront assorties autour du rapprochement entre le même Frédéric et… Napoléon11. Voir le dessin vendu en vente publique à Paris, Drouot, 28 juin 2001, C. P. Dominique Bondu, no 6.. Si l’on compare l’adresse inscrite au bas de l’un de nos dessins (rue des Boucheries-Saint-Germain) avec celles d’autres productions de la même officine22. Voir par exemple le dessin inv. MM. 58.3.158 du château de Malmaison, Hubert & Pougetoux 1989, p. 61., c’est d’ailleurs à l’Empire que l’on pourrait rattacher les deux présents portraits, dans un jeu qu’Alain Pougetoux a bien mis en lumière33. Pougetoux 1995, p. 151-152..

Ces figures affectionnées des calligraphes s’éclairent mutuellement ; elles s’appuient sur une iconographie bien fixée. Le roi de Prusse, portant l’ordre de l’Aigle noir, son cheval orné de son monogramme, apparaît comme Daniel Nicolas Chodowiecki (1826-1801) en avait interprété et popularisé l’image auprès du grand public. Quant à Henri IV, si connu et encensé à la fin du xviiie siècle, il est repris sur le même modèle que dans les précédentes calligraphies du même auteur. Le fond a seulement accentué le caractère militaire, avec les deux tentes ajoutées à un paysage sommairement esquissé, évocatrices des campagnes du roi contre la Ligue et les Espagnols, et tout particulièrement (depuis que La Henriade a suscité une riche iconographie) du siège de Paris. Impossible donc, de ne pas évoquer Voltaire, dont la double présence implicite se définit à la rencontre d’une « dramaturgie des Lumières » (selon l’heureuse expression de Christiane Mervaud44. Christiane Mervaud, Voltaire et Frédéric II : une dramaturgie des Lumières, 1736-1778, SVEC, ccxxxiv, 1985. pour définir les rapports du philosophe avec le roi de Prusse) et de la première grande épopée française moderne.

1. Voir le dessin vendu en vente publique à Paris, Drouot, 28 juin 2001, C. P. Dominique Bondu, no 6.
2. Voir par exemple le dessin inv. MM. 58.3.158 du château de Malmaison, Hubert & Pougetoux 1989, p. 61.
3. Pougetoux 1995, p. 151-152.
4. Christiane Mervaud, Voltaire et Frédéric II : une dramaturgie des Lumières, 1736-1778, SVEC, ccxxxiv, 1985.
Historique

Préempté en vente publique, Paris, Drouot, C. P. Tajan, 27 mars 2001, no 249 (arrêté du 6 avril 2001).

Bibliographie

Notice d’acquisition, Revue du Louvre, 2001-5, p. 90, no 42

Œuvres de l’ensemble