Henri IV rencontrant Sully après la bataille d’Ivry
Plusieurs versions figurées témoignent du succès, au xviiie et au xixe siècle, de cet épisode raconté par Sully dans ses Œconomies royales. Vincent devait lui donner son plein épanouissement à la fin de l’Ancien Régime dans l’un des cartons des tapisseries créées à l’occasion du voyage à Paris du grand-duc Paul (cat. 55). Un tout premier essai (cat. 66) insiste sur la sensibilité du roi, vaillant général et cœur généreux. Bounieu, en 1781 (premier à traiter le sujet en peinture), lui donne un retentissement tout à fait officiel : son tableau, saisi dans les collections du Palais-Royal et aujourd’hui disparu, fut présenté au roi ; il est connu par la gravure qu’en fit Pierre Laurent en 1788 (cat. 164, fig. 164 a). Les costumes ont quitté la sobriété encore guerrière, épicée de nombreux détails amusants, qui fait le charme de notre premier dessin ; Henri IV a pris les plumes et les couleurs d’un personnage de théâtre exubérant et chatoyant, et la bataille semble singulièrement moins proche. François-André Vincent, dans ces années, fouillait aussi le sujet pour la manufacture des Gobelins (cat. 55), ainsi que dans des dessins parallèles témoignant d’intéressantes variations stylistiques. Taunay, enfin, au Salon de 1789, dans des tons bien différents de ceux de Vincent, n’a pas eu la même force d’invention tirée d’un texte extrêmement riche et détaillé. Il remporta pourtant davantage d’éloges.
De nouveau en pleine Restauration, en 1822 (cat. 55, fig. 55 f), Taunay y revient, au terme d’un processus de complète transformation structurelle de l’image offrant un rôle esthétique et narratif de premier ordre au paysage, parfaitement absent dans le premier essai de représentation (cat. 66).