Alexandre Joseph Desenne, Deux figures pour l’illustration de « La Henriade »
« Vignettiste » réputé autodidacte, mais fils de libraire formé à l’école et à l’amour des livres, Alexandre Joseph Desenne illustra une longue liste d’éditions d’auteurs français classiques ou romantiques. Il revint à plusieurs reprises sur les œuvres de Voltaire – notamment dans sa collaboration avec Achille Devéria pour les Œuvres complètes (1817-1823) – et tout particulièrement sur La Henriade, qu’il publia (car il était également éditeur) avec Mesnard dès 1813. En 1817, il illustrait une nouvelle édition chez Janet, qui en était aussi le graveur. Celle-ci est tout juste évoquée par Bengesco, qui n’en a rencontré que le signalement dans le catalogue mensuel de R. Simon, libraire à Paris en 1881.
Les deux dessins présentés correspondent aux deux dernières des trois illustrations qui agrémentent ce petit volume : Henri et la reine Élisabeth (chant II), Henri à la bataille d’Ivry (chant VIII) et l’entrée d’Henri IV dans Paris (chant X). La célèbre parole d’Henri désignant son panache blanc pour rallier ses troupes, tout comme la soumission du peuple qui reconnaît enfin « son vainqueur, et son père » (chant X, vers 506) privilégient un dialogue direct entre le roi et ses sujets, entre le roi et ses soldats. Son soldat, pourrait-on dire, car ces petites images traduisent un véritable effort de relecture des textes dans un souci de réduction des figures. Un seul de ces braves, élégamment casqué, et quelques visages noyés dans le nuage de poussière hérissé de piques représentent toute l’armée royale et donnent sa force au trait pathétique ou touchant. Cet art du menu met l’écriture poétique et l’inspiration historique au service d’un public élargi, sans hésiter à les subordonner à une narration délibérément tournée vers l’anecdotique.
Acquis sur le marché de l’art parisien par la Société des amis du château de Pau en 2000.
Don de la société au musée national (arrêté du 21 novembre 2000).
Bengesco 1882-1890, no 430
Mironneau 2000