Acquis par la Société des amis du château de Pau sur le marché de l’art à Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques) ; don de la société au musée national (arrêté du 24 mai 1988).
Gaston 1975, p. 256.
Plus amateur que véritablement artiste, Gustave Houbigant est d’abord un curieux, comme en témoigne le très intéressant manuscrit de ses Souvenirs de voyages aux Pyrénées (vers 1861, bibliothèque municipale de Pau1), où l’auteur entrelarde lithographies, dessins de divers auteurs et croquis variés du récit de ses propres journées et de notes à caractère essentiellement historique et archéologique. Passé par l’atelier du Génois Carafa, lié à l’archéologue Millin, lui-même passionné par cette discipline, collectionneur, graveur illustrateur, mais aussi conseiller général de l’Oise, puis maire de Nogent-sur-Oise, ce fils de riche gantier cultive une érudition quelque peu fantaisiste, alimentée par ses fouilles menées dans la région de Nogent et en Picardie ainsi que par ses voyages dans les Pyrénées.
L’ensemble des vues réunies ici est destiné à l’illustration de l’ouvrage qu’il préparait assidûment et dont la publication posthume et partielle, intitulée Promenades historiques dans le Pays d’Henri IV (Album de la jeunesse du roi de Navarre) d’après les notes, dessins et manuscrits de M. A. G. Houbigant, par M. E. M. François Saint-Maur, parut à Pau, chez Vignancour, en 1864. Mais cette « plaquette in-folio » ne donne qu’une pâle idée de ce que devait être le travail didactique voulu par Houbigant lui-même. La poursuite de l’entreprise fit intervenir ses héritiers intellectuels, tout particulièrement Eustache Maur François-Saint-Maur, « de la Société de l’École Impériale des Chartes et de celle des antiquaires de l’Ouest », neveu de Mme Houbigant, qui, désigné par testament pour remplir ce rôle, s’efforça de respecter les intentions exprimées par l’auteur, opérant toutefois un choix de planches et de vignettes et, surtout, une sévère sélection sur le texte. Les lithographies sont signées d’Isidore Laurent Deroy (1797-1886) et de son élève Frédéric Sorrieu (1807-?). Le mérite d’une série de ce type tient aussi à une démonstration particulièrement convaincante au plan technique et documentaire sur l’élaboration d’un ouvrage de vulgarisation historique et régionale reposant entièrement sur le matériel lithographique.
Houbigant n’a pas travaillé seul… Pour ce qu’il a pu suivre de la phase préparatoire, il agit en maître d’œuvre exigeant et lucide. Nous savons par leur abondante annotation que ses relevés (datant pour la plupart de décembre 1854 ou du début de l’année 1855) ont été suivis d’une mise au point faisant intervenir des artistes rompus à la pratique du dessin lithographique : Auguste Böhm2 et Laurent Isidore Deroy le plus souvent.
1 – Journal de voyage de Paris aux Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) en allant par Orléans, Tours, Poitiers, Bordeaux et Pau ; revenant par Pau, Tarbes, Périgueux, Limoges et Châteauroux, fait en 1841 par M. et Mme Houbigant et Melle Louise Leuillier, Pau, bibliothèque municipale, ms 124 ; voir Marcelle Bouyssi, « Souvenir de voyages aux Pyrénées par Armand-Gustave Houbigant », Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, XXII, 1961, p. 14-19.
2 – Sur cet artiste, voir l'ouvrage de Jan Dewilde, Auguste Böhme 1819-1891, Ypres, 2002.
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007