Les catalogues raisonnés
Dessins du musée national du château de Pau - La Partie de chasse de Henri IV
Hubert François BOURGUIGNON D’ANVILLE, dit GRAVELOT
« La Partie de chasse de Henri IV ». Quatre dessins d’illustration
Notices associées
Relevez-vous, mais relevez-vous donc Rosny ! [acte I, scène VI ]Ah ! prenons le coquin qui vient de tirer sur les cerfs de notre bon Roi [acte II, scène XI ]
Vive Henri IV [acte III, scène XI ]
Quoy ! c’est là notre bon Roi, notre grand Roi [acte III, scène XIV ]
Historique
Ancienne collection du vicomte Philippe de Saint-Albin (1822-1879) ; legs de Saint-Albin à Eugène Paillet ; figuraient à la vente Eugène Paillet 1902, no 113 ; collection Bernard Quaritch (Londres) ; reliés dans une édition de La Partie de chasse de Henri IV (Paris, 1766) portant les ex-libris d’Eugène Paillet et de Marcel Jeanson (1887-1942), préemptée à la vente Marcel Jeanson à Monte Carlo, Sotheby’s, 27 février 1987, no 141, pour le musée (arrêté du 19 mars 1987).
Bibliographie
Cohen 1912, col. 246-247
Thiébaud 1934-1953, nos 887-888
Souhart 1999, no 116
Schwerdt 2001, t. I, p. 117
Sur la pièce de Collé et son illustration, Cordier 1907
IFF, xviiie siècle, t. X (Michèle Hébert, Edmond Pognon et Yves Bruand, 1968), nos 594, 1479-1482
Mironneau 1999, p. 105-107
Mironneau 2007, p. 356
Reliés dans une édition de La Partie de chasse de Henri IV de Charles Collé publiée à Paris en 1766, illustrée d’un frontispice et de trois figures gravés par Duclos, Rousseau et Simonet d’après Gravelot1, ces quatre dessins préparatoires ont été insérés avant chaque illustration, inversés par rapport aux gravures. Ils faisaient ainsi partie de la célèbre bibliothèque cynégétique de Marcel Jeanson dispersée en 1987. Gravelot, illustrateur de La Partie de chasse de Henri IV, s’est également intéressé aux Chansons joyeuses (1765) du même Collé. Son tempérament artistique est plus naturellement enclin à ces aimables divertissements ou encore à la finesse d’un récit psychologique ou moral (La Nouvelle Héloïse) que réellement inspiré par le grand genre épique (La Henriade) ou tragique (œuvres de Racine).
Donnée en 1764 au théâtre privé du duc d’Orléans à Bagnolet, la pièce est jouée en 1766 à Ferney pour Voltaire et imprimée la même année. Cette édition (celle où se trouvent insérés nos dessins) offre la double élégance de la mise en page et de la mise en scène, en particulier dans la troisième figure retranscrivant le couplet Vive Henri IV. La fantaisie des costumes se dessine avec finesse dans la description du cadre champêtre, dans un clair-obscur assez léger. L’intérieur d’un moulin s’énonce avec précision ; c’est sur un rythme assez allègre, quoique mesuré, contenu, que se prépare le miracle, qui s’accomplit au dernier épisode, du roi dévoilé à son peuple. À l’acte III (scène XI), Henri, égaré dans la forêt de Sénart, se laisse inviter chez le meunier Michau, au village de Lieursaint, et se présente comme « l’un des plus minces officiers du roi ». On mange, on boit, on loue le roi... L’officier se révèle alors par son trouble et son émotion. On reboit, on rechante !
Gravelot composa une deuxième suite, initialement prévue pour une édition in-4o de la Partie de chasse qui ne parut pas. Cette suite fut cependant utilisée en 1772 pour décorer des éventails de théâtre. Mais sa première version s’impose comme le modèle le plus accessible et le plus vraisemblable. Aucun de ses continuateurs et imitateurs ne parvient à faire sentir avec la même luminosité mystérieuse (comme dans le deuxième dessin, cat. 43 et fig. 43 a, où, dans les bois, le Béarnais, encore inconnu, est pris pour un braconnier) le caractère champêtre et la narration dramatique si délicatement notés par Gravelot, encore imprégné de son expérience anglaise.
Note
1 – Paris, veuve Duchesne, Gueffier fils, 1766, 120 pages, 4 illustrations gravées, reliure en maroquin bleu signée Cuzin, Maillard doreur, bibliothèque du musée national du Château de Pau, inv. BP 6530.
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007