Cat. 41
Plume, encre grise sur traits de graphite sur mise au carreau partiellement effacée, papier vergé beige-gris
H. 18,5 cm ; L. 22 cm
Cachet de collection, en bas, vers la droite : DE GONCOURT
Profondément lié aux travaux de Charles Eisen destinés à orner deux éditions successives de La Henriade de Voltaire, le présent dessin pourrait donner un bon aperçu de cet art (précision narrative, adéquation à un genre poétique, apports stylistiques à la tonalité générale du texte) chez l’un de ses meilleurs représentants, élève de Le Bas, puis maître de dessin de la Pompadour et peintre et dessinateur du Cabinet du roi, avant de tomber en disgrâce pour insolence caractérisée. Mais c’est d’abord le témoignage unique d’un tableau perdu, où le talent de peintre de Charles Eisen trouve son expression à travers une figure canonique : celle du héros amoureux.
L’épopée de Voltaire connaît déjà un vif succès lorsque l’édition des œuvres de l’écrivain entreprise par Lambert, avec un nouvel ensemble d’illustrations par Charles Eisen, paraît en 1751 (11 vol. in-12)1. Une seconde suite d’illustrations du même artiste devait voir le jour en 17672. Tenant de la version de 1751 (fig. 41 a) autant que de celle de 1767 (fig. 41 b), le dessin s’attache en réalité à la préparation d’un tableau perdu, non daté, dont, hormis une estampe du graveur et éditeur Martin de Monchy (1746 – après 1789), il ne reste pratiquement aucun témoignage direct (fig. 41 c) : seuls, un tableau figurant à la vente Lepic en 1897 et un autre dessin vendu à Paris en 1920 ajoutent deux fragiles références complémentaires3.
La thématique abordée est bien de celles où s’épanouit l’illustrateur galant que fut Charles Eisen. Le sujet, tiré du chant IX de l’épopée, s’étend sur les délassements du roi dans les bras de sa maîtresse avant que l’austère Duplessis-Mornay ne fasse irruption pour un sévère rappel à l’ordre et au devoir militaire. Toutes les indications délivrées par le texte ont été en revanche habilement mises en œuvre. Charles Eisen sut convaincre ses contemporains, mais aussi, plus tard, les amateurs de l’art du XVIIIe siècle. Les Goncourt, qui possédaient le dessin (avant qu’il ne passe aux mains de Gaston Menier), en faisaient grand cas, au point de lui trouver « la grâce d’un petit Boucher historique ».
Notes
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
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FIG. 41Â a
Jacques Aliamet (1726-1788)
d'après Charles Eisen (1720-1778)
Henri IV et Gabrielle
La Henriade, chant IX
Eau-forte
(1re suite d’Eisen, 1751)
Neuchâtel, 1772
Pau, musée national du Château, BP 1541
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FIG. 41Â b
Joseph de Longueil (1730-1790)
D'après Charles Eisen (1720-1778)
Henri IV et Gabrielle
La Henriade, chant IX
Eau-forte
(2e suite d’Eisen, 1767)
Paris, 1770
Pau, musée national du Château, BP 874
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FIG. 41Â c
Martin de Monchy (1746 – après 1789)
D’après Charles Eisen
Henri IV et Gabrielle
Eau-forte
Pau, musée national du Château, inv. P. 62.10.1