Cat. 215
1832
Aquarelle et gouache, rehauts de gomme arabique et de blanc, papier ivoire recoupé
H. 17 cm ; L. 10,5 cm
Signé et daté en bas à gauche, à l’encre noire : Robert-Fleury 1832
Joseph Nicolas Robert FLEURY, dit ROBERT-FLEURY
Cette évocation de l’enfance royale, plus riche que convaincante, présente du moins l’intérêt de tirer son auteur hors des « épisodes sévères de l’histoire »... On ne peut qu’y reconnaître en revanche, parallèlement au jeu anecdotique de consonance « troubadour » encore proche des débuts de l’artiste, les tons, les ambiances saturées, les rouges sombres immanquablement repris tout au long de ses nombreuses scènes historiques. Dans le compromis d’un goût romantique sagement apprivoisé, tout un jeu de références formelles, pour ainsi dire archéologiques, tout un luxe de détails dont le résultat ne semble pas ici très assuré, contribuent à renseigner une véritable imagerie du passé.
Le souvenir du prince élevé à la rude école de la nature et de la simplicité, selon les récits anciens repris au XVIIe siècle par Hardouin de Péréfixe, mais aussi la réinterprétation idéalisée de ces témoignages en 1822 avec le modèle proposé par Bosio d’après une représentation du XVIe siècle, pouvaient offrir des repères connus ; mais cette vision traditionnelle, arrangée, qui avait rencontré un vif succès, cède ici la place à celle d’un petit roi portant déjà tous les attributs de sa majesté ; en somme, un vrai Bourbon…
À plusieurs reprises, Robert-Fleury a su mettre à profit les multiples ressources thématiques de l’enfance, sur son versant exemplaire (Première Entrevue d’Henri IV et de Sully enfants, 1872) ou affectueux et sensible, dans des compositions reprises en lithographie (Jeux d’enfants, Salon de 1835, no 767, partiellement réutilisé pour une Fillette avec un chien en 1843, lithographié par Julien ; à noter par ailleurs, au Salon de 1840, Les Enfants de Louis XVI au Temple (1793), no 605). Ces caractères s’effacent ici devant l’attirail distinctif de la dignité royale. L’enfance d’Henri IV reste, en 1832, un sujet à la mode, mais elle perd en naturel ce qu’elle suggère seulement de l’âge tendre, loin d’un beau portrait de prince comme celui du duc d’Aumale à l’âge de neuf ans ou celui du duc de Montpensier à l’âge de sept ans, une année plus tôt1, et cependant du même artiste...
Note
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007