Cat. 36
1787
Plume, encre brune, aquarelle verte, graphite, estompe, papier vergé crème
H. 47,5 cm ; L. 35 cm
Inscription en haut de l’ovale : Henri IV.
Cachet de collection à l’encre rouge : AB (Antonio Barboza)
Signé et daté en bas : Rendu à main levée par Bernard du Bureau Académique d’écriture l’an 1787
Joseph Bernard, même s’il ne fut jamais qu’agrégé au Bureau académique d’écriture, représente mieux que tout autre l’esthétique du renouveau de la calligraphie. Ses succès, précisément inscrits dans le temps, eurent une notable influence.
Les grands, les souverains, les ministres populaires (comme Necker) figurent en bonne place dans ses ingénieuses compositions, mais on y trouve aussi des types de personnages (bourgeoise, dame de qualité) ainsi que des célébrités historiques. Henri IV, dont la mode ne cesse de croître depuis les succès de La Henriade de Voltaire et de La Partie de chasse de Henri IV de Collé, ne saurait être oublié, et Bernard ne néglige pas de livrer aux marchands d’estampes des profils du bon roi et de son ministre Sully. C’est ce que confirme la diffusion des gravures qui furent tirées du présent portrait, comme celle de Petit (fig. 36 a), qui « a été dirigée par l’auteur ».
Ce maître en la matière exerça d’abord son talent dans sa Lorraine natale, auprès du roi Stanislas, et servit ce prince jusqu’à sa mort. Il s’installa ensuite à Paris, où il se taillait dans les années 1780 une solide réputation « [d’]écrivain-portraitiste », habile à dresser des profils « librement et à main volante, [d’]un goût et [d’]une sûreté dont il n’y a point d’exemple » (Mémoires de Bachaumont). La Révolution lui donna matière à exposer des « têtes » illustres : Mirabeau, Bailly, Mme Roland, ou encore Voltaire et Rousseau (Salon de 1796) et des allégories. Il travaillait encore en 1805 pour Napoléon Ier, qui le nomma professeur d’écriture de ses pages institués à Saint-Cloud : une fonction comparable à celle de maître d’écriture des pages du roi Stanislas qu’il avait exercée à Lunéville.
Ses portraits, qui parfois laissent échapper quelques fines notes d’humour, savent trouver les moyens de plaire, et le profil du bon Henri, fidèle au type rubénien fréquemment reproduit au XVIIIe siècle, offre à cet habile technicien le terrain d’une expression aisée, voire brillante. La coexistence, dans cette technique traditionnelle, d’un héritage ornemaniste rocaille et d’une recherche de dépouillement assujettissant le portrait à la conduite de la ligne, procure d’heureux paradoxes. L’impeccable composition dans un ovale traité à l’aquarelle verte, entouré d’entrelacs (une mise en page particulièrement familière à l’artiste à partir de 1782), allie à l’expression d’humanité une vivacité de traits donnant à ce visage un aspect aiguisé, presque sec, dans son élégante maîtrise.
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007
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FIG. 36 a
Petit
D’après Joseph Bernard (1740-1809)
Henri IV
Eau-forte
Pau, musée national du Château, Inv. P. 584