Contenu Menu Aide et Accessibilité
Les catalogues raisonnés
Un thème très populaire dans la seconde moitié du xviiie siècle, et que nul n’ignore au début du xixe : il trouve son origine dans le théâtre lyrique, avec le grand succès de La Partie de chasse de Henri IV de Charles Collé (donnée en 1764 au théâtre privé du duc d’Orléans à Bagnolet) et de ses ariettes. C’est le versant familier du Béarnais qui triomphe, « le roi en déshabillé », selon la célèbre expression de l’auteur. Imprimée en 1766, la pièce est jouée la même année à Ferney pour Voltaire. L’instant privilégié, cette révélation du roi (qui s’est fait passer pour un simple officier) au meunier et à sa famille, par la grâce d’une chanson entraînante et pleine d’affection royale, Vive Henri IV, suscite l’émotion à la scène et génère une image désormais canonique de la légende henricienne en plein épanouissement.
Les illustrateurs participent à son élaboration, en deviennent les propagateurs : Gravelot pour l’édition de 1766, dans une élégance mystérieuse tenant du conte champêtre, Gravelot encore dans une nouvelle suite plus animée mais non publiée dans une édition spécifique, Moreau le Jeune, moins inventif mais plus dramatique dans la pose. Après 1800, la référence perd en exigence graphique, mais s’aligne sur les données d’une verve populaire et narrative ; de là, elle envahit le champ des arts décoratifs : boîtes, toiles imprimées, etc.
Ce sont alors les peintres qui relèvent le défi de cette scène identifiée non seulement comme typiquement troubadour, mais bientôt aussi comme éminemment nationale. Alexandre Menjaud (1773-1832) s’attache à faire revivre une nouvelle forme de communion intime entre le héros, le roi et son peuple fidèle. Son tableau de 1806, présenté au Salon de 1808, le sera de nouveau à celui de 1814 et fera l’objet d’une gravure largement diffusée en 1824. De nombreuses imitations en seront faites, comme celle de Simon Charles Miger (1736-1820) (cat. 88).
Auteurs : P. Mironneau, Cl. Menges
© Réunion des musées nationaux – 2007